Créer une app avec l’IA et des prompts ? Illusion du Vibe Coding
Ces derniers mois, de plus en plus de clients nous posent une question en apparence simple : peut-on créer une application mobile uniquement avec l’IA, simplement en écrivant des prompts dans des outils comme Claude ou ChatGPT, sans faire appel à de vrais développeurs ?
L’idée est séduisante. Avec l’essor des outils de code basés sur les prompts, on a l’impression d’entrer dans une nouvelle ère. Une ère où décrire son intention en langage naturel suffirait à construire un logiciel complexe. Vous imaginez une fonctionnalité, vous rédigez une phrase et, boom : l’IA vous livre du code prêt à l’emploi.
Ce phénomène, souvent appelé "Vibe Coding", promet un nouveau mode de travail enthousiasmant. Au lieu d’écrire des instructions ligne par ligne, les développeurs collaborent avec un assistant IA, en communiquant par intentions de haut niveau, en itérant rapidement, et en se débarrassant des tâches fastidieuses. Ça ressemble à de la magie. Ça donne un sentiment de liberté. On croit pouvoir éliminer toutes les frictions du développement.
Mais aussi séduisante que cette idée puisse paraître au début, cette illusion résiste rarement au choc de la réalité d’un vrai projet.
L’euphorie du Vibe Coding
Dès les premières utilisations, on ressent une vraie excitation. Avec un outil comme Claude Code, la vitesse d’exécution impressionne : en quelques minutes seulement, vous pouvez créer des mises en page, concevoir des écrans entiers et obtenir des fonctionnalités déjà opérationnelles. L’expérience est grisante. La frontière entre l’idée et sa réalisation semble s’effacer, et les résultats arrivent plus vite que jamais. Pour un prototype rapide ou un projet de type hackathon, c’est presque idéal.
À ce moment-là, on peut facilement croire que le développement a basculé dans une nouvelle ère. On se dit que les équipes complètes ne sont peut-être plus nécessaires. On en vient même à douter du besoin d’ingénieurs seniors, d’architectes logiciels ou de QA dédiés. L’IA donne l’impression de tout prendre en charge.
Quand la complexité s’installe
Puis vient la deuxième phase. Vous ajoutez de nouvelles fonctionnalités. L’application prend de l’ampleur. La gestion des données et des interactions devient incontournable. Les parcours de navigation se compliquent. Vous réalisez que l’IA n’a aucune véritable mémoire de la structure de votre application. Elle oublie les décisions prises plus tôt. Elle génère du nouveau code qui casse celui déjà en place.
Vous vous retrouvez à corriger des parties que vous n’avez pas écrites ni vraiment comprises. Vous relancez des prompts pour résoudre un bug… mais en créez de nouveaux ailleurs.
Soudain, le gain de productivité s’évapore. Vous passez de plus en plus de temps à clarifier vos instructions, gérer l’historique des prompts, réécrire ou modifier manuellement le code généré, et à courir après les cas particuliers. Vous n’êtes plus un bâtisseur mais un superviseur, un éditeur et parfois même un pompier.
L’illusion se brise. Vous comprenez que le Vibe Coding n’est pas un véritable processus de développement. C’est seulement une interface.
Les prompts ne font pas l’architecture
La principale confusion vient du fait que l’utilisation de prompts est souvent confondue avec de la conception. Mais dès que vous dépassez des composants isolés ou des flux simples, vous devez penser en termes de systèmes. Vous avez besoin d’architecture. Vous avez besoin de modularité. Vous avez besoin de maintenabilité à long terme, de testabilité, de gestion des erreurs, de sécurité, de scalabilité et d’accessibilité. Et l’IA ne fera pas ça pour vous.
Au mieux, le LLM comblera quelques manques. Il pourra vous aider à écrire un réducteur Redux ou à préparer l’ossature d’un nouvel écran. Mais il ne vous dira pas si Redux est le bon outil dès le départ. Il ne vous avertira pas que votre modèle de navigation créera des impasses. Il ne testera pas proactivement ni n’auditera votre configuration analytique. Il ne connaît ni le contexte métier, ni vos utilisateurs, ni ce qui compte vraiment sur votre marché.
C’est à ce moment-là que commence le vrai travail de développement. Et c’est là que le Vibe Coding montre ses limites.
Le coût de la fausse vitesse
L’un des grands pièges du Vibe Coding, c’est l’illusion de la rapidité. Oui, on peut produire quelque chose très vite. Mais ce qui sort est souvent fragile, incohérent, ou trop adapté à un cas d’usage limité. Le vrai coût se révèle plus tard, quand on tente de faire évoluer l’application, de la tester ou de l’itérer.
Sans base architecturale solide, le code devient instable. Sans spécifications, documentation et responsabilités claires, intégrer de nouveaux développeurs tourne au cauchemar. Et sans QA rigoureux, les bugs se multiplient en silence.
Beaucoup d’équipes tombent dans ce piège : elles obtiennent un MVP rapide, le présentent à des investisseurs ou des parties prenantes, puis réalisent qu’il est totalement inutilisable comme base pour un vrai produit. Elles finissent par tout réécrire.
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L’IA comme copilote, pas comme substitut
Soyons clairs : nous ne rejetons pas l’IA. Chez Guarana, nous l’utilisons au quotidien. C’est un copilote formidable. Elle accélère le développement, automatise les tâches répétitives, corrige les erreurs et suggère même des approches intéressantes. Nous faisons appel à Claude pour générer des jeux de données, expliquer des API peu familières ou traduire une logique entre frameworks. C’est un vrai gain de productivité, mais l’IA n’est pas le pilote.
La différence est essentielle : utiliser l’IA pour renforcer votre processus de développement n’a rien à voir avec l’idée de le remplacer. La première approche crée de la valeur. La seconde mène le plus souvent à des bases fragiles et à des refontes coûteuses.
Le facteur humain
Avant tout, créer une application ne se limite pas à écrire du code. C’est aussi penser le produit, travailler l’expérience utilisateur et aligner les choix techniques avec les objectifs de l’entreprise. C’est concevoir en tenant compte des cas limites, de la conformité réglementaire, des contraintes liées aux appareils, de la localisation, du mode hors-ligne, de l’analytique et bien plus encore.
L’IA, elle, ne connaît pas vos utilisateurs. Elle ne se préoccupe pas de votre taux de rétention. Elle ne remet pas en question vos hypothèses et ne vous alerte pas lorsque vous vous attaquez au mauvais problème. Tout cela repose encore sur le jugement humain, la collaboration d’une équipe et une compréhension approfondie de l’écosystème dans lequel vous évoluez.
Conclusion : le Vibe Coding est un outil, pas une stratégie
Si vous êtes entrepreneur, porteur de projet ou responsable produit et que vous vous demandez s’il est possible de créer une application uniquement à l’aide de prompts, la réponse est claire : le Vibe Coding est utile, mais dans un cadre précis.
Il est parfait pour explorer rapidement des idées, tester des concepts ou réaliser des prototypes. En revanche, il ne remplacera jamais la rigueur, l’expérience et la structure qu’exige un vrai développement.
Les grandes applications ne se définissent pas uniquement par la qualité de leur code. Elles sont surtout bien pensées, bien conçues et bâties avec une vision à long terme. Aucun prompt ne peut remplacer cette profondeur de réflexion.
Alors oui, adoptons l’IA, mais avec discernement. Et n’oublions jamais qu’au cœur de chaque application réussie, il n’y a pas seulement du code, mais du savoir-faire.
by
Guarana
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